Excès de sel
Hélène Lebéhot
Eau salée, eau douce, eau profonde, eau limpide au pouvoir démesuré.
La vague est continuité du mouvement.
Emouvantes, précises et impétueuses, les vagues deviennent peinture. Elles se cherchent dans leurs couleurs, rencontrent des ciels terreux. Elles sillonnent les mers pour trouver leurs reflets comme une identité perdue.
L’excès de sel, la séduction picturale, ne sont là que pour tenter d’exprimer l’essentiel. Avancer dans le mouvement infini, savourer la lumière naturelle du soleil, avoir les pieds sur terre pour rester en lien avec le ciel. Passer du rude au subtil dans un entrelacs d’éclaboussures.
Mouvement perpétuel, horloge biologique, les marées ramènent au temps qui passe et à la continuité. La lune rythme les naissances, au même titre que la mer représente une extension du ventre de nos mères ou l’accouchement donnerait naissance à des carnets. Des écritures de voyage, de passage et de vie qui poussées par la contemplation sublimeraient un quotidien plus amer.
Le geste donne ressac, creux et force ce qui ne lasse pas celui qui se laisse transporter. Renaissance après le chaos, l’invitation au voyage semble étroitement liée à une mère ressource, porteuse d’énergie. Dans cet élan, la vague se brise et généreusement nous remplit de sa présence matières lesquelles s’accumulent et se dispersent dans l’eau de sa peinture. Effet du hasard, recherche de la coïncidence, technique éprouvée, besoin de beauté, exigence du sujet tout cela se rassemble dans cette peinture qui offre toutes les traversées.
De la pleine mer, houleuse, à une mer plus calme, la vague se veut mémoire.
Mémoire du corps qui navigue entre vide et plein, circulation des fluides et du bien-être, le métabolisme exigeant s’organise pour rester en lien avec sa propre nature. Eau en circulation, va et vient qui donne naissance à la peinture. Des épaisseurs de matières répondant à des couleurs sombres et lumineuses, des courbes élancées qui éclaboussent à tous vents, la peinture trouve son rythme dans celui qui se donne le temps de la regarder, simplement.